L’élimination complète de l’extrême pauvreté d’ici à 2030 : Un défi mondial
L’élimination de l’extrême pauvreté pour tous dans le monde entier d’ici à 2030 constitue l’un des principaux objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, piloté par les Nations Unies. Ce défi ambitieux est d’une importance capitale, car il touche directement aux droits fondamentaux des populations à vivre dignement. Cependant, des obstacles de taille demeurent, amplifiés par des crises récentes comme la pandémie de COVID-19, le changement climatique, et les conflits géopolitiques. Pour comprendre la complexité de ce problème, il est essentiel d’examiner les défis régionaux et les dynamiques spécifiques à chaque zone géographique.
Des progrès freinés par la pandémie
Depuis les années 1990, le monde a fait des progrès significatifs dans la réduction de l’extrême pauvreté. Entre 1990 et 2015, le taux mondial de pauvreté extrême est passé de 35 % à 10 %. Cependant, la pandémie de COVID-19 a interrompu cette tendance, avec une augmentation alarmante de la pauvreté mondiale pour la première fois en une génération.
En 2020, la pandémie a ajouté environ 90 millions de personnes à la population vivant dans l’extrême pauvreté, soit moins de 2,15 dollars par jour. À la fin de 2022, environ 670 millions de personnes, soit 8,4 % de la population mondiale, vivaient encore dans une extrême pauvreté. Si les tendances actuelles se maintiennent, on estime qu’environ 7 % de la population mondiale (environ 575 millions de personnes) pourraient encore être piégées dans l’extrême pauvreté en 2030, avec une concentration importante en Afrique subsaharienne.
Les défis persistants de la pauvreté mondiale : Une perspective géolocalisée
Les obstacles à l’élimination de la pauvreté varient selon les régions du monde. Les facteurs comme les conflits, le manque d’infrastructures, les inégalités sociales, la corruption et les catastrophes naturelles contribuent à la complexité du problème.
EN Afrique subsaharienne : pauvreté structurelle et vulnérabilité économique
L’Afrique subsaharienne est la région la plus touchée par l’extrême pauvreté. Plus de 40 % de la population y vit encore dans des conditions de pauvreté extrême. Deux exemples clés illustrent cette réalité :
- Nigeria : Bien que le Nigeria soit la plus grande économie d’Afrique, il compte également le plus grand nombre de personnes vivant dans l’extrême pauvreté. 87 millions de Nigérians survivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Ce phénomène est aggravé par la dépendance de l’économie au pétrole, les conflits dans le nord du pays, et une corruption endémique.
- RDC : La République Démocratique du Congo est un autre exemple frappant. Riche en ressources naturelles, la RDC voit pourtant 73 % de sa population vivre dans l’extrême pauvreté. Des décennies de conflits, d’instabilité politique et de manque d’infrastructures ont laissé des millions de personnes sans accès à des services de base et aux opportunités économiques.
EN Asie du Sud : croissance économique inégale et vulnérabilité aux catastrophes naturelles
L’Asie du Sud a réalisé des progrès notables dans la réduction de la pauvreté, mais des disparités régionales et des vulnérabilités climatiques persistent :
- Inde : Bien que l’Inde ait réduit son taux de pauvreté, environ 140 millions de personnes vivaient encore sous le seuil de pauvreté en 2020. Des États comme le Bihar et l’Uttar Pradesh restent particulièrement touchés. La dépendance à l’agriculture dans les zones rurales, combinée aux catastrophes naturelles fréquentes, aggrave la situation.
- Bangladesh : Le Bangladesh, malgré des progrès économiques, reste vulnérable aux inondations et aux cyclones fréquents. Les communautés rurales côtières du pays, notamment dans le district de Khulna, subissent des pertes importantes à cause de la montée des eaux et des tempêtes tropicales, plongeant des milliers de personnes dans la pauvreté.
EN Amérique latine : Pauvreté urbaine et crises politiques
L’Amérique latine a vu une réduction globale de la pauvreté, mais certaines régions, comme le Venezuela et le Honduras, ont subi de graves revers :
- Venezuela : Le pays fait face à une crise économique majeure. En 2021, plus de 76 % des Vénézuéliens vivaient dans l’extrême pauvreté, en raison de l’hyperinflation, des sanctions économiques et de la mauvaise gestion des ressources. Les habitants de Petare, l’un des plus grands bidonvilles d’Amérique latine, illustrent cette situation de détresse.
- Honduras : Environ 50 % des habitants des zones rurales honduriennes vivent dans l’extrême pauvreté, exacerbée par la violence des gangs, la corruption et les catastrophes naturelles. La pauvreté au Honduras est souvent liée à l’insécurité alimentaire et au manque d’infrastructures dans des régions comme Lempira et Ocotepeque.
EN Europe et Amérique du Nord : pauvreté cachée et nouvelles formes de précarité
Dans des régions traditionnellement prospères comme l’Europe et l’Amérique du Nord, la pauvreté existe également, bien qu’elle prenne souvent des formes différentes de celles des régions en développement :
- Grèce : Après la crise économique de 2008, la Grèce a vu une forte augmentation du taux de pauvreté. En 2020, environ 28 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté, avec une précarité accrue à Athènes. Les mesures d’austérité ont considérablement affaibli les filets de sécurité sociale, exacerbant la pauvreté urbaine et le chômage, notamment parmi les jeunes.
- États-Unis : Les États-Unis, bien que riches, connaissent des taux de pauvreté alarmants dans certaines régions. Environ 37 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, particulièrement dans les États du sud comme le Mississippi. Les travailleurs pauvres, souvent employés à bas salaire dans des emplois précaires, peinent à joindre les deux bouts dans des villes comme Los Angeles ou New York, où les coûts du logement sont très élevés.
Pauvreté rurale et vulnérabilité climatique
Les petites îles et les régions côtières sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique, qui exacerbent les défis économiques et sociaux :
- Îles Fidji : Les habitants des Fidji sont confrontés à des défis liés à l’élévation du niveau de la mer. De nombreuses communautés côtières ont déjà été déplacées, et la pauvreté augmente dans les zones rurales à cause de la perte de terres agricoles et de moyens de subsistance.
- Philippines : Les Philippines sont régulièrement touchées par des typhons dévastateurs. Les régions comme Samar et Leyte, touchées par le typhon Haiyan en 2013, luttent toujours pour se reconstruire. Les communautés agricoles pauvres sont particulièrement vulnérables à ces catastrophes climatiques.
Un défi mondial qui nécessite des solutions locales
L’élimination de l’extrême pauvreté d’ici 2030 est un objectif ambitieux mais atteignable, à condition que les efforts soient adaptés aux réalités locales et géographiques. Des solutions comme l’amélioration des infrastructures, le renforcement des filets de protection sociale, l’adaptation au changement climatique, et la résolution des conflits sont essentielles pour faire reculer la pauvreté.
Chaque région du monde présente ses propres défis et solutions, mais la coopération internationale, combinée à des actions locales adaptées, peut permettre de progresser vers un monde sans pauvreté.